batiments communaux

Histoire des bâtiments communaux

Dans la plupart des villages de France, la vie communale a pour pivot trois bâtiments traditionnels : la MAIRIE – l’ECOLE et l’EGLISE. A PUSIGNAN, ces trois bâtiments se trouvent groupée sur la Place de la Mairie et peut-être est-il intéressant d’en connaître l’histoire.

Au cours des siècles la vénérable Eglise du 12ème, seul monument ancien encore debout à l’heure actuelle, vit se dérouler toutes les cérémonies marquant les événements importants, joyeux ou douloureux, jalonnant les différentes étapes de la vie des multiples générations.

Malheureusement les atteintes du temps avaient fait leur oeuvre et en 1836 un projet de restauration, était étudié par le Conseil Municipal.

Puis, devant Il importance des travaux à entreprendre, – ajouté au fait que 1’Eglise devenait beaucoup trop petite (PUSIGNAN comptait déjà à l’époque 1100 habitants),l’idée de construction d’une nouvelle Eglise se fit jour. On en vint également à concevoir la nécessité d’avoir une salle de Mairie ainsi qu’une Ecole.

En juin 1838, le Maire, Monsieur RIGOT présentait un projet concernant l’acquisition d’un vieux bâtiment situé à la Valla avec un terrain, qui une fois réparé, permettrait d’une part d’abriter une salle de Mairie, ainsi que des logements d’instituteurs et d’autre part, sur le terrain, d’entreprendre la construction d’une Ecole et d’une nouvelle Eglise. Il s’agissait donc là d’un projet d’ensemble et d’une décision très importante, marquant un tournant décisif dans la vie sociale de la Commune.

Toutefois, cette décision entraîna immédiatement une très nette réaction d’hostilité des habitants de MOIFOND, tout au moins en ce qui concernait le projet de nouvelle Eglise. En effet, ceux-ci ne pouvaient admettre l’abandon pur et simple de « leur Eglise » au profit d’une nouvelle située à La Valla.

Les événements laissèrent alors percer toutes les rivalités existant entre les habitants de MOIFOND et ceux de La Valla,, les esprits s’échauffèrent et une pétition fut envoyée au Sous-Préfet de VIENNE dans le but de faire annuler la décision du Maire et du Conseil Municipal.

Le projet était malgré tout poursuivi et une étude était réalisée par un architecte de VIENNE, Monsieur HAOUR, concernant la réparation d’un bâtiment dont l’acquisition était envisagée dans le but de réaliser une salle de « Maison Commune » et des logements d’instituteurs, ainsi que la construction d’une « Maison d’Ecoles », d’une nouvelle Eglise et d’un presbytère. Les plans et devis étaient approuvée par le Conseil Municipal le 15 février 1840, le financement devant être en partie assuré par la vente de terrains communaux et par des impôts exceptionnels. Le 29 juin 1840, la Municipalité achetait à Monsieur Philibert VITOZ le corps de , bâtiments et le terrain destinés à la réalisation du projet.

Le 28 mars 1841, l’adjudication des travaux était effectuée au profit de Monsieur BAUMEGARDE entrepreneur à PUSIGNAN. Les travaux étaient aussitôt entrepris, leur achèvement étant prévu pour août 1842.

Malheureusement, il ne s’agissait là que d’une prévision optimiste car la réalité fut tout autre.

En effet, de graves dissensions ne tardèrent pas à éclater entre l’architecte et l’entrepreneurs, l’architecte ayant modifié les plans en cours d’exécution, obligeant l’entrepreneur à refaire les soubassements de l’Eglise et rajoutant un étage au presbytère. D’autre part, la charpente avait été conçue de façon beaucoup trop légère et devait être revue.

Par ailleurs, des erreurs de délibérations avaient été commises, celles-ci ne mentionnant pas la totalité des devis nécessaires.

L’entrepreneur dont le marché imposait à celui-ci de se conformer obligatoirement aux plans et instructions de 111 architectes, ne pouvait se faire payer au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Il s’ensuivit un litige extrêmement important.

En août 1843, le Préfet, à la demande du Maire destitua l’architecte Monsieur RAOUR et en nomma un autre, Monsieur Hugues QUENIN, architecte à LA VERPILLIERE afin de poursuivre les travaux.

Mais les choses ne s’améliorèrent pas pour autant, le nouvel architecte ne voulant pas lui non plus faire régler la totalité des sommes demandées par l’entrepreneur Monsieur BAUMEGARDE, et fait plus grave les crédits d’origine étaient épuisés.
Le 15 novembre 1845, le Conseil de Préfecture, après étude d’une commission spéciale, condamnait la commune de PUSIGNAN à payer à Monsieur BAUMEGARDE les sommes réclamées, lequel avait entre-temps interrompu les travaux.

Le 25 juillet 1852, le Maire demandait au Préfet l’annulation du marché afin de pouvoir reprendre les travaux sur de nouvelles bases tenant compte des omissions des devis d’origine. Mais les travaux ayant été interrompus pendant plus de huit ans, la nouvelle EGLISE en construction avait subi des dégradations considérables et la situation s’aggravait par suite d’un manque de fond pour continuer les travaux.

Les habitants de MOIFOND qui s’étaient élevés contre là construction de la nouvelle Eglise, refusèrent l’affermage de terrains communaux et de voter l’impôt.

En 1854, certains habitants effectuèrent des legs, bois ou terrains, ce qui permit de reprendre les travaux de l’Eglise.

En 1857, le Conseil Municipal décidait l’achat d’une cloche à la Maison GUILLET Claude à LYON, et cette même année avait lieu le premier baptême.

Finalement, le 8 juillet 1858, un crédit exceptionnel était voté par la Sous-Préfecture afin de permettre l’achèvement des travaux en suspens et sur proposition du Conseil Municipal, le Sous-Préfet nommait alors Monsieur Claude QUENIN entrepreneur de travaux publics demeurant à PUSIGNAN. pour terminer les travaux.

En ce qui concerne l’éclairage, notons que celui-ci était assuré à l’époque d’une part au moyen de lampes à huile fixées sur les piliers au moyen de supports en bronze et d’autre part au moyen de cierges fixée sur un râtelier en bois faisant le tour du chœur et disposé sur la corniche située au sommet des boiseries.

Le 29 août 1858, le Conseil de Fabrique acceptait l’échange ancienne Eglise, presbytère et jardin contre les nouveaux. La décoration de l’Eglise devait être complétée, ultérieurement par une horloge publique en 1866 et un tableau offert par l’Empereur NAPOLEON III en août 1867.

La nouvelle Eglise étant entrée en service le Conseil Municipal décida en août 1858 la destruction de l’ancien presbytère, sacristie et chapelle adjacente à l’ancienne Eglise afin de permette l’agrandissement du cimetière, ce qui fut fait en 1859.

On peut d’ailleurs voir encore à l’heure actuelle les traces, de ces anciennes constructions sur les côtés de l’ancienne Eglise.

En 18581, PUSIGNAN comptait déjà une population de 1400 habitants et cette année voyait donc l’achèvement des travaux qui s’étaient échelonnés sur 17 ans, soit 15 ans de plus que ce qui avait. ‘été prévu à l’origine et ceci avec des péripéties mouvementées.

Les passions avaient été vives mais a’ étaient peu à peu apaisées et les anciens pouvaient enfin contempler. la réalisation ion d’un projet qui pouvait certainement paraître ambitieux à l’époque ou il avait été conçu mais qui mettait en fait à la disposition de la Commune une Mairie, inexistante jusqu’à ce jour, une Ecole avec logements d’instituteurs, alors que l’enseignement n’avait pas encore été rendu obligatoire et une Eglise élégante et spacieuse avec Presbytère.

Les anciens peuvent être fiers de nous avoir laissé un patrimoine capable d’assurer pour un lointain avenir, l’activité des générations futures.

Remercions-les pour ce qu’ils nous ont légué.

La Chapelle

Quand on aborde Moifond, quartier médiéval de PUSIGNAN, par la route de Saugnieu, un clocher roman, carré et trapu, se dessine au-dessus du cimetière communal. C’est le clocher de l’ancienne Eglise de la paroisse de PUSIGNAN.

De style roman, ce bâtiment culturel élevé probablement au XIIème siècle dépendait, d’après les cartulaires, de l’Abbaye de l’Ile Barbe (fondée par Charlemagne) et, devait desservir le bourg de Moifond, formé peu à peu sur les terres de la seigneurie de PUSIGNAN.

C’est un édifice de dimension modeste (20 x 7 mètres) à nef unique, mais, complet, chœur et abside sur croisée d’ogives, nef sous charpente d’une belle unité de style. Il contient des pierres tombales, dont certaines de divers membres de la famille de COSTAING, seigneurs de PUSIGNAN au XVIIème siècle, des fonts baptismaux archaïques et des restes importants de fresques murales.
Outre le presbytère, la sacristie et une chapelle accolée à la face nord furent démolies en 1858, après l’édification de l’Eglise actuelle, en vue d’un agrandissement du cimetière.

Son inscription sur la liste supplémentaire des monuments historiques avait été demandée par la commune dès 1977, elle a été définitivement acceptée le 8 mars 1982.

Heureusement qu’entre-temps des réfections de sauvegarde de l’édifice avaient été entreprises, financées par la commune, aidée par diverses subventions. C’est ainsi que toutes les huisseries ont été refaites en 1978. Puis par suite d’infiltration d’eau, et peut être. des vibrations dues au voisinage de l’aéroport de Satolas, de gros travaux de consolidation des murs de soutènement nord du choeur et une réfection totale du clocher durent être entrepris. Ils furent réalisés par des entreprises locales, celle de M. FOUT et celle de M. BARBEREAU.

La remise en état de la chapelle est chose faite et les travaux ont été réceptionnés par M. J-C. MORTAMET, architecte en chef des Monuments Historiques le 18 octobre 1982.

Au cours de ces réfections, par grattage des plâtres, des fresques probablement du XIVème siècle ont été découvertes sur l’arc triomphal à l’entrée du choeur.

L’EGLISE DE MOIFOND

ANCIENNE EGLISE PAROISSIALE DE PUSIGNAN

L’ancienne Eglise paroissiale située dans le cimetière de Moifond, date du XIIème siècle. Elle est la seule Eglise romane de l’Est Lyonnais encore debout et représente une voleur architecturale indiscutable. Comme toute Eglise romane, elle se caractérise en architecture par l’Arc en plein cintre, l’épaisseur des murs percés sous fenêtres et appuyés à l’extérieur par les contreforts.

L’Eglise Romane de Pusignan, dont il ne subsiste que la Nef, a été construite à l’origine suivant le modèle roman.

L’entretien de la Nef était à la charge des paroissiens, ce qui explique son mauvais état. Celui du Choeur par les Abbés de l’Ile Barbe « patron » de la Paroisse, par l’intermédiaire du Prieuré de Chavanoz.

EXTERIEUR

Sur la façade on remarque la présence du linteau monolithe (un seul bloc de pierre au-dessus de l’ouverture de la porte centrale) ainsi que l’Arc des Charges. Les fenêtres de la Nef romane sont assez récentes. A l’origine, il y avait des fenêtres très étroites dont le but était d’empêcher le passage des hommes. Celles-ci ont été agrandies au XVIIème siècle. Sur la façade sud de la Chapelle on peut remarquer un reste de contrefort. Le clocher est construit sur la travée du choeur, ce qui explique sa largeur et son aspect massif datant du XIIème siècle. Au XVIlè siècle, il était doté de 2 cloches. au XIXè siècle, il n’y en avait plus qu’une. Il a connu des modifications dans sa partie supérieure à la fin du XVè siècle ainsi que l’Abside (Choeur). La fenêtre du choeur date de la fin du Moyen Age. Sur la façade nord de la Chapelle on peut remarquer la présence de pierres vertes. Elles relèvent de l’époque glacière du Massif de Belledone (Alpes Françaises).

INTERIEUR

Sur les parois de la Nef et de l’Abside, on remarque des traces de litres funéraires.

A l’origine les litres étaient peintes sur tissus, mais ô la fin du XVIè siècle, l’usage était fréquent de les remplacer par des peintures (illustrant la mémoire du défunt) beaucoup plus résistantes

Ces litres correspondaient à un droit que possédait le Seigneur pour ses funérailles.

On suppose que la première litre – dont il ne reste que quelques traces – est celle d’Aymar de Costaing, mort en1679. La seconde – un peu mieux conservée – appartient à Claude de Costaing qui fut tué lors de la bataille de Londonderry, en Irlande, en 1689 sous Louis XIV. On retrouve cette litre restaurée dans l’Eglise de Chassieu, celle-ci dépendant de la même seigneurie. Sur le litre on peut encore apercevoir le Blason qui se lit : d’azur à ici face haussée d’argent accompagnée de dix losanges d’or, quatre rongés en chef et six en pointe posés 4 et 2.

Aux angles de la voûte, il reste 4 culots représentant les symboles des évangélistes:

  • SAINT-MATHIEU est symbolisé par un ange
  • SAINT-LUC boeuf
  • SAINT-MARC lion
  • SAINT-JEAN aigle aux ailes déployées.

Dans la Nef, on remarque un certain nombre de tombes. Une seule est identifiable, celle de Catherine de Bressac, épouse de Hugues Gaultier de Mézia, dernier Seigneur de Pusignan, décédée le 8 octobre 1773.

RESTAURATIONS

En 1836, un projet de restauration prit jour, mais devant l’importance des travaux à entreprendre, l’Eglise devenant trop petite, il s’estompa au profit de la construction d’une nouvelle Eglise à la Valla.

Mais cette décision entraîna immédiatement une très nette réaction d’hostilité des habitants de Moifond, ceux-ci ne pouvant admettre l’abandon de « leur Eglise ».

Après de nombreuses vicissitudes, la nouvelle Eglise de la Valla était achevée en 1858. Le 10 août 1858, le Conseil Municipal prenait la décision de démolir la totalité de l’ancienne Eglise et son presbytère, afin d’agrandir le cimetière.

Le 17 avril 1859, le Conseil Municipal se réunissait à nouveau, à la demande du Sous-Préfet, suite à une protestation d’une majorité d’habitants qui s’opposaient à la démolition de l’Eglise. Revenant sur la précédente délibération, le Conseil décidait que seuls: le presbytère, la sacristie et la chapelle seraient démolis, mais que le clocher, le choeur et la grande Nef de l’Eglise seraient conservés, pour être utilisés en tant que chapelle mortuaire.

Dans le choeur subsiste encore l’harmonium qui servait à mettre les archives de l’Eglise ainsi que la piscine liturgique.

Mais au fil des ans, l’Eglise de Moifond qui n’était plus entretenue menaçait ruine et la décision d’entreprendre des travaux de consolidation fut prise en 1887. Par la suite, malgré de sommaires réparations effectuées ponctuellement à la toiture, le bâtiment se détériorait de plus en plus gravement. En 1981, on constatait l’écartement des murs de Ici nef, ainsi qu’un glissement des claveaux de la voûte de l’abside.

Ceux-ci risquant de tomber allaient inévitablement en entraîner l’effondrement.

Ces mouvements des différentes structures avaient pour origine la disparition du presbytère, de la sacristie et de la chapelle, bâtiments latéraux dont la démolition avait été décidée en 1859, et qui avaient pour fonction, entre autres, de compenser la poussée du clocher. Les traces de ces bâtiments disparus peuvent encore être observées.

L’édifice avait souffert non seulement des années, mais également des vibrations provoquées par les avions, en raison de la proximité de l’aéroport de Satolas. Aussi une restauration générale s’imposait de toute urgence.

La première tranche des travaux a été effectuée en 1982, et la seconde partie ou cours de 1984. Ceux-ci concernaient le renforcement de l’édifice par ses bases, ainsi que la réfection globale de la toiture, le piquage des façades, puis le jointage des galets par un ciment approprié afin que les joints soient dépourvus de toute aspérité.

Un travail minutieux a été effectué par des spécialistes : L’entreprise BARBEROT de Bourg-en-Bresse, pour les pierres de taille qui tiennent les arcs du corps, ainsi que l’entreprise FONT de Pusignan pour le reste des travaux. Pour sa part, le Collège d’Enseignement Technique de l’Abbé LAMACHE avait reproduit en 1977, dans leur intégralité, toutes les boiseries existantes.

Au commencement des travaux dirigés par Monsieur Mortamet, architecte des bâtiments de France, l’autel d’origine, en pierre, a été découvert sous l’autel en bois à colonnes torsadées, datant du XVIIème siècle. La grande arcade de la travée du chœur, est l’Arc Triomphal. Des peintures représentant les apôtres ont été découvertes sous celui-ci. Elles sont estimées de la fin du XVème siècle et ont été « fixées ».

A l’issue des travaux, la commune de Pusignan s’est vue décerner, de la part du Conseil Général du Rhône, le 2ème prix d’encouragement pour les communes qui font un effort particulier pour la restauration des bâtiments, orgueil de notre patrimoine national. N’oublions pas d’indiquer que l’Eglise Paroissiale du XIIème siècle est inscrite depuis 1982 à l’inventaire des monuments historiques.

Nous tenons à remercier Monsieur PAUTET, Maire Honoraire de Pusignan, Monsieur CHARLIN, Délégué pour l’inventaire du Patrimoine du Conseil Général.