élevage du ver à soie

L’élevage du ver à soie et le tissage du velours de soie à Pusignan

En 1890, le village de Pusignan comptait environ 1400 habitants, alors qu’il n’y en avait plus que 850 en 1940. C’était alors un centre important d’élevage de vers à soie et de tissage de velours de soie. Ces deux activités occupaient les deux tiers de la population.

Toutes les routes principales allant à Jonage, Villette d’Anthon, Janneyrias, Genas, Saugnieu, ainsi que les chemins ruraux étaient bordés, tous les huit mètres, de plantations de mûriers. Le feuillage de ces mûriers servait de nourriture aux larves, avant de devenir cocons.

A l’école, il y avait un cours permanent d’élevage de vers à soie et chaque élève devait avoir son propre élevage à la maison, à titre d’apprentissage.

Les cocons recueillis étaient envoyés à Villeurbanne afin de procéder au dévidage, puis à la mise en écheveaux.

Malheureusement, la maladie du ver à soie qui se développa amorça le déclin du village. Un quart de la population s’exila vers 1892-1893 et il ne resta plus que des tisserands. A l’époque, il y avait environ deux cents métiers à tisser.

L’élevage local du ver à soie ayant été décimé, les tisserands furent alimentés par des écheveaux d’origine étrangère, notamment de Chine.

Le ramassage des pièces tissées était effectué deux fois par semaine par un transporteur allant de porte en porte, avec son cheval tirant une charrette, pour les livrer à Lyon. Au retour, il ramenait les écheveaux qu’il répartissait de la même façon.

La livraison des pièces tissées étaient effectuée à des commissionnaires de Lyon, situés Place Croix Paquet : » La Mule Blanche et la Mule Noire »

Ce mode de transport avec des chevaux s’est effectué jusqu’en 1925, époque à laquelle le relais fût pris par le transport automobile.

Entre temps, la guerre 1914 – 1918, avec le départ des hommes, avait affaibli la production, la plupart des métiers étaient actionnés par des femmes.

Avec le retour des poilus valides, une certaine activité reprit, mais la saignée de la guerre avait laissé des vides et plusieurs métiers s’arrêtèrent, faute de bras.

Vers 1920, les métiers furent modernisés par l’adjonction de moteurs électriques modifiant ainsi la façon de travailler. 

Il y eut quelques bonnes années jusqu’en 1932. Puis vint la crise, avec l’apparition dans l’Est du département de l’Isère d’une multitude d’usines équipées de 10 à 15 métiers modernes, à laquelle s’ajouta bientôt la crise de la soierie lyonnaise. Ce fût la fin de l’artisanat et la fin de beaucoup de petites usines. Il ne resta bientôt plus que quelques métiers d’artistes, ne réalisant que le hors série de très grande qualité, le dernier étant Monsieur Dupuy, mort en 1937.

Enfin, le déclenchement de la seconde guerre mondiale vit la disparition définitive du tissage de la soierie à Pusignan.

Il est intéressant de faire un retour en arrière pour voir comment vivaient les tisserands pusignanais. Ceux-ci étaient propriétaires de leurs métiers. Les familles vivaient dans une grande pièce où se trouvait un ou deux métiers.

Dans un coin, un lit à baldaquin permettait à celui qui dormait de s’isoler un peu du cliquetis incessant des métiers. Ceux-ci fonctionnaient une bonne partie de la nuit, la rémunération était effectuée au mètre.

Au centre de la pièce, un poêle, dans un angle l’évier et enfin un meuble pour les articles de ménage.

A noter que les deux tiers des ménages avaient une écurie adjacente permettant d’élever sur un lopin de terre avoisinant, un âne ou un mulet, deux ou trois chèvres, éventuellement deux ou trois vaches pour les mieux lotis.

Le travail était dur et fastidieux, mais s’effectuait malgré tout dans la bonne humeur. Les tisserands accompagnaient de leurs chants le travail auquel ils étaient attachés.

De cette époque, il ne reste que le témoignage de quelques mûriers isolés et souvent bien malades, rappelant le temps où chantaient les canettes.

Ce texte a été écrit d’après les souvenirs de M Joseph Vidon et conservé par M Edmond Coudurier.

Si vous possédez de la documentation, dessins, photos ou autres informations concernant Pusignan, n’hésitez pas à contacter un membre du comité de la rédaction. Nous sommes nombreux à souhaiter retrouver un peu de la mémoire de la commune.